Chronique : Marcher, une philosophie 3

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Aujourd’hui, dans ce troisième volet de la chronique du livre de Frédéric Gros, « Marcher, une philosophie » vous aurez le droit à :

La démarche cynique

 Le sage grec est-il un bon marcheur ? L’auteur fait un court chapitre sur Socrate, toujours à faire les cent pas sur l’agora, arrêtant les passants pour les questionner, leur parler. Il était toujours là où il y avait le plus de monde. De bon matin sur les marchés ou sur les promenoirs des gymnases . Il déambulait tout le jour mais apparemment n’était pas féru de grandes marches en nature, cela lui était même assez indifférent ( la nature ne lui parle pas assez. Le Phèdre 230d ).

Platon, Aristote enseignaient certes en marchand mais prenaient soin de s’asseoir dès que le nombre de disciple était suffisant…  À l’école d’Epictète ou à celle des Epicuriens, la transmission se faisait plutôt dans l’immobilité.

À l’inverse, les seuls sages marcheurs grecs furent les Cyniques. On les reconnaissait à leur apparence : un bâton de bois, une cape faisant office de couverture et de manteau et une besace ne contenant pas grand chose.

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Les pèlerins du moyen âge leur ressembleront mais la particularité des Cyniques n’était pas dans l’évangélisation comme les prédicateurs des ordres mendiants. Non, ils marchaient de villes en village pour haranguer les foulent, les provoquer, les inquiéter.

On les distingue par leur langage, l’art de la diatribe plus que celle du prêche. Les foules se pressaient à leur venue afin de les entendre vociférer avec plaisir et inquiétudes aussi. Les Cyniques, dans leurs orations, prenaient les habitants à partie sur les conventions, les compromissions comme le mariage, le respect des hiérarchies, la cupidité, l’égoïsme, les habitudes ou les vices. Tout y passait, y était dénoncé ou ridiculisé. Plus que de simples insultes, ils amenaient les foules à réfléchir sur leurs conditions.

De part leurs modes de vie rudes et réduites au plus simple, ils n’étaient pas de ces philosophes de bureau cherchant la pureté et l’essence des choses ou des idées. Ils promulguaient une certaine vérité vivante, la chaleur du soleil, l’humidité glaciale des pluies d’hiver, la réalité crue du quotidien. Des ingrédients qui étaient censés contrebalancer l’image des philosophes recherchant la pureté de l’expérience en eux-mêmes.

Les Cyniques vivaient à l’état naturel et difficile de leurs conditions, seule preuve par l’expérience de la réalité du vivant. Ils crachaient sur l’artifice des discours, des dispositifs sociaux, des lois politiques afin d’en révéler la nature simple de leur contenue, la vérité toute cru caché derrière des phrases arrondies . Pour eux la vie était beaucoup plus élémentaire, cru même : comme des animaux qui mangent, dorment et font face à l’inhumanité de la nature violente, non civilisé.

Par contre il n’est pas immoral, il se sert de la simple affirmation de leurs conditions au ras de leurs fonctions biologiques pour dénoncer tout ce que les hommes refourguent en bonnes mœurs, en valeurs apprises, en hypocrisies quand ils parlent de Nature. Les Cyniques décomposent l’opposition traditionnelle du privé et du public et prônent la vérité de l’expérience à la culture des enseignements.

« Je suis plus riche, dit le Cynique, que n’importe quel grand propriétaire, car la terre est mon domaine. Mes propriétés sont sans bornes . Le Cynique ne manque de rien parce qu‘il trouve dans la nature son moyen de suffisance, la liberté totale sans contraintes dictées.

Suite :

Chronique : Marcher, une philosophie 4

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