Ce sujet, c’est FredLaFouine du forum du site Randonner léger qui me l’a inspiré. Je vous laisse lire son post afin que vous cerniez mieux l’idée que je vais tenter de développer ici.
« Je discutais avec une copine il y a quelques mois.
Je revenais d’une balade dans le parc près de chez moi : vélo, footing, slack, quelques trucs débiles sur une barre de traction, pique-nique au bord de la rivière, pieds dans l’eau… En revenant je tombe sur un arbre et monte dedans. 2 magnifiques branches parallèles, je tente un poirier et me vautre lamentablement. + de peur que de mal, juste un genou égratigné et une cheville un peu douloureuse. Dans 3-4 jours c’est réglé.
Donc je rentre, raconte mes mésaventures à la miss, et elle me sort avec un grand sourire : ouais, en fait, t’es juste « allé jouer dehors quoi ».
Et ça m’a fait tilt. OUAIS. C’est ce que je fais. C’est ce que j’aime faire, sans réfléchir, sans normes sociales, j’aime « aller jouer dehors ». Comme un gamin.
Une butte, un bel arbre? Faut la grimper! Une barrière? Faut la sauter, ou marcher dessus en équilibre! Il fait chaud? Pieds dans l’eau ! […]Ca parait très con mais… Ca coûte rien, ça pèse rien… Je ressens une vraie légèreté dans ces moments de partage.
Et je crois que cet état d’esprit a aussi un rapport avec ma façon d’aborder la vie en général, […] celle d’aborder mes balades et pourquoi je tente d’alléger mes épaules : libre de mes déplacements, libre de mes pensées.
Où je veux, comme je veux, quand je veux. Jouer dehors.
Pourquoi? Je ne sais pas. Pas le temps. Je préfère réfléchir à comment alléger mes épaules et jouer dehors, encore et encore… »
Quand je suis retombé sur ce post, cela m’a fait tilt également. Il est vrai qu’à l’heure d’aujourd’hui, la randonnée est en mutation commerciale pour l’assimiler à un sport comme un autre (et oui faut vendre la dernière nouveauté) en occultant toute la richesse qu’elle détient, sa philosophie profonde et le souvenir des derniers millions d’années qui nous ont permis de pouvoir nous mouvoir sur deux pattes…
Par exemple, la mode ne voudrait elle pas que nous parlions de trek dès que l’on part quelques jours ? Je trouve même que le nom de randonnée fait un peu sérieux, conditionné désormais…
J’aime dire à mes proches que je pars me promener ou en balade. Car ces promenades sont bien plus que de simples randonnées pour moi. Je dirais même que c’est un moment de plusieurs jours dans lesquelles je m’amuse.
Je vais à mon rythme, je regarde les fleurs, je pose ma joue sur les mousses, je barbote dans les cours d’eau, je profite du paysage, de la vie… me manque plus que ma pelle et mon seau (et oui, trop lourd !).
Je ne suis pas quelqu’un qui prend tout au sérieux et l’avantage de partir seul en balade me donne la permission de faire ce que je veux, sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit. La nature est ma cour de récréation.
Même si je suis un peu comme cela dans la vie courante, je me sens quand même rattrapé par l’environnement extérieur, sérieux et peu enclin à la déconnade… Sachant que l’on peut être sérieusement productif et léger dans sa façon d’aborder le monde. Ces longues balades sont toujours pour moi une source de découvertes, d’amusements, de légèretés. Comme le rappel Fred qui introduit cet article : « C’est ce que j’aime faire, sans réfléchir, sans normes sociales, j’aime « aller jouer dehors ». Comme un gamin. »
C’est bien ça, comme un gamin. Même si les enfants sont très sérieux dans ce qu’ils font, j’aime aussi me rappeler leur insouciance et le naturel avec lequel ils découvrent le monde. J’aime aussi me dire, dans l’autre sens, que les adultes sont des enfants qui se prennent un peu trop au sérieux.
Aller jouer dehors ne serait il pas un moyen de retrouver cette insouciance, dépasser sa zone de confort en flirtant avec l’inconnu ?
Allez ! allez jouer dehors comme des gamins ! lâchez-vous, courrez, sautez, pataugez !
Laissons notre sérieux à la maison et rendons à la randonnée la place qu’elle mérite, celle de pouvoir cheminer en parallèle de nos vies d’adulte raisonnable et sévère.
6 comments
« Jouer dehors » ça me convient et me rappelle de bon souvenirs – Maintenant (à 63 ans) j’utilise le terme « crapahuter », car ici (chez moi en Ariège) on fait 100, 200, 300, mètres et ça monte… Qu’on marche « sagement » avec les bâtons sur les chemins ou à quatre pattes à travers le sous-bois pour rejoindre ce chemin qu’on avait repéré la dernière fois. Au club (qui a le mérite de m’avoir donné le gout de marcher) on sautille sur place pour le « cardio », je préfère et de loin monter le chemin, car au bout, il y a la récompense d’une vue imprenable sur la chaîne des Pyrénées. Je marche en contre sens pour les échauffements, ce qui choque pas mal de personnes dans le groupe. « La Marche est devenue une affaire sérieuse » comme tu dis, et je ne peux m’empêcher d’aller à l’encontre de ça. Grâce a cette article mes agissements et motivations « de faire l’imbécile* » dans le club me sont devenu plus clair… Allez, je vais jouer dehors, il fait beau 😀
*Imbécile= celui qui marche sans béquilles (c’est ballot pour quelqu’un qui fait de la marche avec des bâtons 😀 )
Merci beaucoup Irène pour votre commentaire ! Je vous souhaite de belles craphutes 🙂 ariégeoise de Camurac jusqu’au Laurenti !
Crapahuter, j’aime bien …et depuis longtemps! Cela implique de ne pas se déplacer l’oeil rivé vers la prochaine balise ou, pire, son quelque écran qui ordonnerait de tourner à gauche ou à droite. Cela implique le goût pour l’autonomie, l’indépendance et …un minimum d’aventure. Bref, « jouer dehors », quoi 😉
(Au fait, « crapahut » n’a pas encore trouvé sa copine « crapahute », alors on dit toujpurs « crapahut ». Le mot vient du jargon militaire (Saint-Cyr probablement) et formé à partir du mot « crapaud »)
p.s J’aime bien, aussi, « faire un bout de brousse » (voir le célébre film « crocodile dundee »)
J’aime bien cet article sur « jouer dehors » perso de mon expérience je pense que chaque outdoor Man randonneur ou autre à ce point commun. La recherche de liberté. Et chacun laisse ou emporte avec lui une dose de ses soucis, son paraître …et ainsi se sentir plus ouvert au moment, à son environnement et retrouver une part d’insoucience.